"Produire un référentiel d’exigences métier à partir du recueil des besoins identifiés dans la littérature ou exprimés par les professionnels de santé lorsqu’ils utilisent ou lorsqu’ils élaborent une synthèse médicale, en focalisant sur les besoins en termes de contenu de cette synthèse pour différents contextes d’utilisation."
Le référentiel "
Standardisation des synthèses médicales en vue de leur numérisation", publié par la HAS le 19 décembre 2023, vise à "produire des recommandations en vue de favoriser la numérisation des synthèses médicales". Un travail qui devrait constituer un prérequis "à la construction d’un
modèle de synthèse médicale
interopérable où les éléments de santé caractérisant le patient (ou l’usager) pourront être partagés entre les différents outils numériques des professionnels ou entre les outils professionnels et le
DMP".
3 populations de patients concernées
A l'origine de cette initiative, une demande de l'
Agence du numérique en santé (ANS), la
Délégation au numérique en santé (DNS) et la
Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a été formulée pour la standardisation des
dossiers de liaison d’urgence (DLU) pour les "personnes atteintes de
maladies rares". C’est la troisième catégorie à bénéficier d’une
synthèse médicale après les "personnes résidant en
Ehpad" et les "personnes vulnérables prises en charge à domicile".
Caractéristiques des synthèses médicales
La synthèse médicale est définie par la HAS comme un ensemble minimal d’information sur l’état de santé et de vie d’un patient afin d’assurer une prise en charge optimale de celui-ci, notamment en termes de soin. Ces informations doivent être interopérables pour favoriser leur partage entre les professionnels des secteurs médical, médico-social et social.
La synthèse médicale est censée :
➡️
résumer les informations médicales pertinentes d’un patient ;
➡️
faciliter la communication : elle permet aux professionnels d’obtenir rapidement une vue globale de la situation médicale d’un patient (en effet, 84 % des cliniciens de la permanence des soins estiment que la synthèse médicale écossaise a amélioré la communication, réduisant également les risques d'erreurs par rapport au processus de télécopie et transcription*) ;
➡️
améliorer la coordination des soins : la synthèse médicale peut diminuer les admissions hospitalières en optimisant la gestion des soins. Elle est particulièrement utile lors des transitions de soins, telles que les admissions à l’hôpital, les consultations médicales, les transferts entre établissements de soins ou les soins d’urgence ;
➡️
renforcer la sécurité des patients : la synthèse permet aux professionnels de santé de prendre des décisions éclairées intégrant les souhaits des patients. Selon des études citées par la HAS dans sa publication, 77% des médecins généralistes reconnaissent que la synthèse médicale améliore la sécurité des patients.
La norme IPS pour réguler la synthèse médicale
La synthèse médicale doit être conforme aux critères de la norme internationale IPS (International Patient Summary). Ces critères portent sur 6 paramètres :
- l'identification du patient ;
- les allergies et les intolérances ;
- les traitements médicamenteux ;
- les problèmes de santé ;
- les préférences du patient ;
- la provenance du document.
Le respect de la norme IPS permet de garantir la qualité, l’interopérabilité et l’efficacité des synthèses médicales.
Pour un modèle unique de "synthèse médicale partagée"
L’enjeu d’un projet de standardisation des synthèses médicales est de faciliter la création d’un modèle unique de « synthèse médicale partagée », disponible pour les professionnels dans les secteurs sanitaire, médico-social et social ou dans le DMP (Dossier Médical Partagé). Ce modèle unique doit être utilisable à tous les contextes (soins programmés ou non) et aux différentes populations ciblées : les résidents en EHPAD, les patients vulnérables à domicile et les patients atteints de maladies rares. Le projet vise également à partager les informations entre les pays lors de soins transfrontaliers.
Les synthèses médicales ont une influence primordiale dans la prise en charge des patients mais font face à des freins d’utilisation et de développement. En effet, la pluralité et la redondance de ces synthèses médicales limitent fortement leur mise en œuvre opérationnelle.
Des difficultés à affronter
La réglementation française exige que la synthèse médicale soit rédigée et déposée dans le DMP, sous la forme d’un document « statique » produit par un seul rédacteur. Pour en modifier le contenu, le rédacteur devra générer un nouveau résumé et créer une nouvelle version.
Si ce résumé fonctionne pour les patients à l’état de santé stable, il ne pourra pas répondre aux besoins spécifiques d’un patient :
- âgé ;
- multimorbide ;
- avec des pathologies chroniques évolutives.
La synthèse médicale devrait ainsi être modifiable et actualisée par différents professionnels en temps réel et en mode collaboratif.
[annuaireOrga=197222]
Publié le vendredi 19 janvier 2024 à 08h00