Optimiser le foncier des seniors, leur proposer de nouvelles prestations, leur permettre de s’implanter au cœur de la cité, de s’entourer des partenaires clés, et de répondre à leurs attentes : ce sont là les objectifs fixés pour le
comparatif entre les résidences autonomie (RA) et les résidences services seniors (RSS) publié par l'
Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap).
Publiée le 6 septembre 2023, le guide de l'Anap "offre une vision synthétique des enjeux en comparant les deux dispositifs" et a pour but d'aider les seniors, ainsi que leurs aidants, à choisir le modèle le plus adapté à chacun d'entre eux.
Les RA et les RSS sont des solutions d’habitat intermédiaire entre l’Ehpad et le domicile, regroupées et ouvertes sur le quartier. Elles restent cependant souvent aux marges des réflexions sur l’organisation du parcours de vie et de soins de la personne âgée, alors qu'ont été rapportées des expériences réussies qui montrent tout leur intérêt.
Des besoins importants en résidences à l’horizon 2050
Actuellement on dispose de 75 000 places en RSS et 120 000 en RA, ce qui représente seulement 3% de la population actuelle des 75 ans et plus. De plus, ces places sont très inégalement réparties sur le territoire. Pourtant, selon l'Anap, la demande existe bel et bien pour cette forme de logement parmi les 75-85 ans.
Le Haut commissariat au plan rapporte, quant à lui, qu'à l’horizon 2050, il sera nécessaire de développer l’habitat intermédiaire afin de disposer d’entre 215 000 et 300 000 places, tout en augmentant de 64 000 le nombre de places en Ehpad. Des chiffres qui seront modulés selon les régions.
En effet, pour construire un véritable parcours résidentiel, il est nécessaire de développer une offre complète en proximité.
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L’expérience positive de trois grands groupes
Trois grands groupes gestionnaires de structures accueillant des personnes âgées ont une expérience positive de l’intégration des RA et RSS dans le parcours résidentiel de la personne âgée. Ils en ont fait part lors de la web-conférence organisée par l’Anap à l’occasion de la publication du guide "Optimisez votre foncier, diversifiez votre offre", destiné à donner des clefs pour déployer avec succès une stratégie de diversification de l’offre, comprenant l’habitat intermédiaire.
La fondation Partage et Vie rapproche les RA des Ehpad
La fondation Partage et vie gère 127 établissements et services destinés principalement aux seniors, notamment des Ehpad, et quatre RA.
La fondation a fait le choix d’associer des RA aux Ehpad, afin de construire un parcours résidentiel adapté aux situations de personnes âgées qui sont à domicile mais cherchent un habitat sécurisé et offrant la perspective de liens sociaux, sans vouloir entrer en Ehpad. Il existe aussi une demande de la part des conjoints de personnes admises en Ehpad, qui souhaitent accompagner leur proche en habitant à proximité. L’habitat intermédiaire trouve alors sa place dans le parcours résidentiel de la personne.
📌 Pour une mutualisation des ressources des compétences :
Pour implanter une nouvelle structure, une étude de besoins est réalisée pour chaque établissement. Il n’y a pas un modèle dupliqué automatiquement. Par exemple, s’il s’agit des Petites unités de vie (PUV), on visera un effectif de 8 à 10 personnes. Pour une RSS, on prévoit 30 à 60 logements. Ils ne seront pas forcément adossés à un Ehpad, mais à proximité. Cela permet la mutualisation des fonctions support, des compétences médicales ou de l’animation.
Du point de vue économique, il faut aussi tenir compte du contexte local et notamment des possibilités en immobilier, en direct ou avec des partenaires
Le groupe a un projet de 6 RA supplémentaires, sur la base de retours d’expérience de ses propres structures et de rencontres avec d’autres gestionnaires. Ces résidences peuvent être construites avec des associations partenaires. Par exemple : un projet d’habitat intermédiaire mixte (PA-PH) est en cours avec France parkinson ou SEP, pour répondre à des besoins spécifiques.
Partage et vie recherche la mutualisation entre Ehpad, accueil de jour et SSIAD qui travaillent en coordination pour une plateforme de services du grand âge, disposant d’une palette complète de services pour l’aide à la vie quotidienne, le lien social, l’aide administrative, etc. C’est ce qui fait que la personne va accepter de quitter son domicile historique.
Univi santé rapproche la RSS de l’hôpital
Le groupe Univi Santé gère 65 établissements pour personnes âgées, avec 24 RSS et RA, 41 Ehpad et 3 hôpitaux. Un des axes stratégiques du groupe est de développer la complémentarité entre le Pôle santé et le Pôle seniors, entre les hôpitaux, les Ehpad et les RA et RSS. Ce rapprochement permet aux personnes âgées, en cas de besoin, d’avoir un accès direct à l’hôpital, pour un bilan ou une consultation mémoire, sans avoir à passer par les urgences, ce qui rassure les résidents et les familles.
📌 La mutualisation des services est un plus pour les RSS :
Par exemple, l’équipe médicale de l‘hôpital La Porte verte soutient la RSS Médéric à Versailles, qui n’est pas médicalisée (pour l’hygiène, le respect des normes, etc.). Pendant la période Covid, l’équipe hospitalière a vacciné le personnel de la RSS, qui fut une des premières à pouvoir l’être. C’est aussi l’hôpital de la Porte Verte qui assure les fonctions supports pour la résidence. Mais il faut garantir de la réactivité dans la gestion quotidienne et ne pas avoir à mobiliser le directeur de l’hôpital pour réparer une fuite.
Univi santé souhaite développer les RSS sur les territoires. Une bonne analyse des besoins est un préalable à ne pas négliger. Pour équilibrer financièrement une résidence service, il faut un taux d’occupation au delà de 90% et, par exemple, ne pas pas acheter un terrain proche de l’hôpital, qui serait difficile à commercialiser car un emplacement en ville répond mieux aux besoins. Il faut également choisir des territoires peu dotés en RSS.
Emera choisit d’accoler les RSS aux Ehpad
Le groupe commercial Emera gère 50 Ehpad et 15 résidences service seniors. Il a été précurseur du parcours résidentiel en choisissant d’accoler les RSS aux Ehpad. Cela facilite les changements d’orientation des résidents qui le souhaitent.
Les structures sont implantées en ville, afin de bénéficier d’activités susceptibles de rompre l’isolement et de services divers : restauration, accès aux soins, etc.
📌 Une mutualisation des services RH, logistiques, médicaux :
Par exemple, la vaccination contre le Covid-19 du personnel des résidences a été réalisée par le personnel médical de l’Ehpad. La sécurité de nuit et des week-ends est assurée dans l’habitat intermédiaire par téléassistance. Quant au modèle économique, il doit être adapté aux territoires.
Le soutien de la CNSA et de la Caisse des Dépôts
La CNSA et l’Assurance Retraite ont lancé en 2022 une initiative pour le développement des RA (IDRA) auprès des départements. Ceux-ci ont été invités à faire connaître le nombre de nouveaux logements qu’ils souhaitent créer. Une sélection est opérée pour rétablir une meilleure répartition territoriale des disponibilités de places en RA. Chaque logement peut être subventionné à hauteur de 5.000 €.
En 2022, plus de 3.800 places en ont bénéficié, pour 15 M€. Cette initiative sera prolongée en 2024.
Le groupe Caisse des dépôts mobilise de son côté 3,5 Md€ entre 2021 et 2025 pour accompagner les projets de création ou de rénovation de RA.
L'enjeu du modèle économique :
Le coût de construction d’une place est d’environ 120 000 à 130 000 €. Les services offerts doivent être de qualité pour répondre aux demandes des personnes âgées. En outre, il faut garantir des tarifs acceptables pour attirer le plus grand nombre de résidents.
Pour toutes ces raisons, la question du modèle économique des RA reste aujourd'hui posée.
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Publié le vendredi 24 novembre 2023 à 08h00