Flux hospitaliers : capteurs intelligents et automatisation pour une logistique augmentée
Publié le lundi 07 juillet 2025 à 15h23
EtablissementsOptimiser les flux, réduire les pertes, soulager les équipes : l’automatisation logistique hospitalière entre dans une nouvelle ère. Des capteurs intelligents aux plateformes mécanisées, les hôpitaux innovent pour conjuguer performance et adaptabilité.
CH William Morey : capteurs intelligents et pilotage des flux en temps réel
La crise des vocations, la complexité croissante des soins et les exigences de performance pèsent plus que jamais sur les services hospitaliers. Face à ces défis, la journée Anap-RESAH dédiée à la logistique et à la pharmacie a proposé une réponse ambitieuse : robotiser, digitaliser, prédire… tout en adaptant les outils aux réalités du terrain.
Au CH William Morey, la logistique hospitalière s’appuie sur une solution innovante conçue par Superwyze : un système de capteurs, autonomes et miniaturisés, déployés depuis 2022. Ces capteurs, sans batterie et résistants aux lavages hospitaliers, permettent de géolocaliser les équipements biomédicaux, de surveiller les températures critiques et de suivre les flux sensibles, comme les patients à risque de fugue ou les dispositifs médicaux en circulation. Leur faible encombrement et leur légèreté (2,5 g) permettent également d’équiper les glacières utilisées pour le transport par drone d’échantillons biologiques, tout en préservant la charge utile.
L’ensemble du système repose sur une infrastructure radio propriétaire, capable de localiser les objets à partir de méthodes de triangulation, sans nécessiter de réseaux Wi-Fi ou Bluetooth lourds. Grâce à ces capteurs, l’hôpital peut suivre en temps réel l’usage des dispositifs, identifier les équipements inactifs, limiter les pertes et réduire les coûts liés aux matériels non tracés, comme les bouteilles de gaz ou les pompes à perfusion. Au-delà du suivi, la solution offre un levier de pilotage stratégique pour optimiser l’allocation des ressources et améliorer la réactivité des équipes.
Du curatif à l’anticipation : la logistique hospitalière repensée
Au CHU de Toulouse, le projet « LGP 2027 », conduit par Guillaume Marques, illustre une transformation de la logistique pharmaceutique hospitalière. Plus qu’une évolution structurelle, c’est un changement de paradigme. L’enjeu : construire une logistique connectée, intégrée, capable de soutenir les défis croissants du soin, tout en fluidifiant les parcours patients.
Sur une plateforme de 5 000 m², qui centralise près de 10 millions d’euros de stocks, la réflexion s’oriente vers une extension de 2 500 m² et une refonte des flux internes. La démarche intègre des objectifs clairs : meilleure maîtrise des approvisionnements, réduction des immobilisations dans les services, diminution du gaspillage et rééquilibrage entre stock central et hors-stock. Cette approche territoriale vise aussi à renforcer l’efficacité inter-établissements au sein du GHT.
Automatiser : entre bénéfices logistiques et défis organisationnels
L’automatisation des fonctions logistiques hospitalières, telle qu’illustrée par les retours d’expérience d’IDEA Logistique, repose sur une évaluation précise des besoins et du contexte. Parmi les technologies explorées figurent les systèmes « goods-to-man », les robots mobiles autonomes (AMR) et les magasins automatisés. Ces dispositifs visent à réduire les déplacements internes, accroître la fiabilité des opérations, optimiser l’espace de stockage et transférer les tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée vers des solutions automatisées.
Mais leur mise en œuvre pose plusieurs défis. Ces équipements requièrent une maintenance spécialisée, une stabilité des environnements de travail, ainsi qu’un système d’information robuste capable de dialoguer avec l’ensemble de la chaîne logistique. Sur le plan humain, ils peuvent modifier les cadences habituelles, perturber l’équilibre entre métiers techniques et pharmaceutiques, ou susciter des résistances si les agents ne sont pas suffisamment associés dès la conception du projet.
Les intervenants ont insisté sur l’importance de personnaliser chaque stratégie d’automatisation selon le contexte local. L’enjeu est de construire un modèle souple, évolutif, capable de s’ajuster aux charges de travail réelles et aux besoins opérationnels de l’établissement, sans déstabiliser les équipes.