IA : l’Europe à la traîne face aux US, faute de formations adéquates (rapport Forrester)
Publié le vendredi 30 mai 2025 à 15h24
Etablissements GEN AI GouvernanceLes entreprises européennes n’investissent que 9 milliards d’euros dans l’IA contre 62,5 milliards aux États-Unis, un écart qui freine l’adoption des outils d’IA et fragilise la compétitivité du continent.
Un indicateur pour mesurer l’adoption de l’IA dans les entreprises
Le rapport « European Employees Are Falling Behind US Workers On AI Skills » publié par Forrester alerte sur le retard croissant des entreprises européennes face à leurs homologues américaines dans l’intégration de l’intelligence artificielle. Pour évaluer cette dynamique, le cabinet introduit l’AI Quotient (AIQ), un indicateur qui mesure la capacité d’adaptation, la cohérence des formations, la rapidité d’adoption, mais aussi la confiance des employés dans l’usage de l’IA au sein des organisations. Cet AIQ révèle un écart entre les deux continents. Alors que les États-Unis ont investi 62,5 milliards d’euros dans l’IA en 2023, l’Union européenne plafonne à 9 milliards. Ce différentiel d’investissement se traduit notamment par des formations disparates, des salaires moins compétitifs (le taux de salaire en France atteint seulement 37 % de celui observé aux États-Unis dans les métiers de l’IA), et une confiance plus faible envers les outils d’IA.
Des formations inégales et une adoption ralentie
Forrester souligne que seules 52 % des entreprises européennes proposent des formations cohérentes à l’IA, contre 62 % aux États-Unis. Ce déficit accentue le sentiment d’incertitude. Les salariés européens affichent pourtant une motivation comparable à leurs homologues américains, mais leur confiance reste inférieure : 48 % déclarent se sentir à l’aise avec l’IA, contre 59 % aux États-Unis. Au-delà de l’acquisition de compétences techniques, c’est l’acculturation aux usages de l’IA qui reste incomplète. La maîtrise du prompt engineering et la compréhension des implications éthiques ne sont pas encore suffisamment intégrées dans les cursus.
Un objectif commun : la productivité, mais des moyens divergents
L’utilisation de l’IA générative pour améliorer la productivité constitue une priorité partagée. Toutefois, 36 % des entreprises américaines ont déjà déployé des outils de GenAI, contre 32 % seulement en Europe. De même, 43 % des entreprises aux États-Unis considèrent l’adoption des nouvelles technologies comme une priorité absolue, contre 37 % en France. Le rapport met également en évidence un décalage de perception entre les décideurs – techniques et commerciaux – et les autres employés sur la pertinence des formations en IA, suggérant un besoin de programmes plus inclusifs et réguliers.
Une feuille de route pour rattraper le retard
Pour l’analyste principal Indranil Bandyopadhyay, l’amélioration de l’AI Quotient des employés européens est désormais une nécessité stratégique. Elle passe par la mise en place de formations structurées, une meilleure intégration éthique de l’IA dans les processus métiers et la consolidation de la confiance des salariés vis-à-vis des systèmes d’IA. À défaut de réagir rapidement, conclut-il, l’Europe pourrait s’exposer à un décrochage durable en matière de productivité et d’innovation.