Déficit de l’AP-HP : 460 M€ en 2024, malgré un rebond d’activité et des efforts structurels
Publié le lundi 20 janvier 2025 à 18h17
Etablissements Institutions PilotageEn 2024, l’AP-HP enregistre un déficit prévisionnel de 460 M€, en dépit d’une hausse d’activité et de gains en performance interne. Les charges structurelles des CHU, amplifiées par l’insuffisante compensation salariale du Ségur de la santé et l’inflation, restent le principal défi.
Activité en hausse, mais charges alourdies
Le conseil de surveillance de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a approuvé le 20 décembre 2024 son état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) pour 2025. Pour 2024, un déficit de 460,6 M€ est attendu, soit une dégradation de 62 M€ par rapport à 2023 et un écart de 166 M€ par rapport aux objectifs fixés dans son plan global de financement pluriannuel (PGFP). Ce déficit intervient malgré une hausse de l’activité et des gains de performance interne à hauteur de 143 M€, notamment grâce à l’amélioration du codage, de la facturation et à des mesures de sobriété énergétique.
Une stratégie de relance des effectifs en marche
Depuis fin 2021, l’AP-HP a entrepris une restructuration pour pallier la crise des ressources humaines. Entre mai 2019 et mai 2023, la perte de 2 000 infirmiers a réduit les effectifs de 11 %, entraînant une baisse des capacités de soin. En réponse, la stratégie « 30 leviers pour agir ensemble » a été lancée fin 2022. Objectif : attirer et fidéliser le personnel soignant. En deux ans, l’AP-HP a reconstitué plus de 50 % des effectifs infirmiers manquants, permettant la réouverture de 600 lits. Des tensions subsistent dans des filières comme la gériatrie, la psychiatrie ou la neurologie, ainsi que parmi les manipulateurs en électroradiologie médicale (MERM), les infirmiers de bloc opératoire et les préparateurs en pharmacie.
Les causes d’un déficit
Trois facteurs expliquent la détérioration des comptes pour 2024 :
- Charges structurelles des CHU : L’insuffisante compensation des hausses salariales du Ségur de la santé, combinée à l’inflation de 2022-2023, représente 121 M€ de charges supplémentaires.
- Masse salariale : Les écarts entre dépenses de personnel (intérim, heures supplémentaires) et recettes d’activité ont ajouté 20 M€ au déficit.
- Amortissements comptables : Une part accrue des investissements allouée aux équipements plutôt qu’aux travaux lourds a augmenté les charges d’amortissement de 23 M€.
Objectifs 2025 : réduction du déficit et soutien à la relance
Pour 2025, l’AP-HP prévoit de réduire son déficit à 358 M€, grâce à un plan d’action structuré :
- Recrutement ciblé : Une augmentation de 1 040 équivalents temps plein (ETP) non médicaux est prévue, dont 600 infirmiers, 100 aides-soignants et 115 autres professionnels paramédicaux pour répondre aux tensions. 250 postes renforceront les équipes de suppléance, limitant le recours à l’intérim.
- Capacité d’accueil accrue : 500 lits supplémentaires, dont 330 en médecine-chirurgie-obstétrique, seront rouverts.
- Optimisation des performances internes : Un objectif de gain de 121 M€ est fixé, notamment via des améliorations en codage et facturation.
- Maintien des investissements : 650 M€ seront consacrés à la modernisation des infrastructures et des équipements.
Un nouveau plan de financement attendu en 2025
Face à l’alourdissement structurel des charges, l’AP-HP repousse sa trajectoire de retour à l’équilibre. Un nouveau PGFP pour 2025-2029, prenant en compte le sous-financement des mesures salariales décidées depuis 2020, sera présenté en juin 2025.
Les discussions avec l’État seront déterminantes pour assurer la soutenabilité de la dette et maintenir les investissements nécessaires à la modernisation des CHU.